Les pratiques et rituels quotidiens
Plusieurs temps sont consacrés chaque jour à des pratiques et rituels. Ils sont une manière d'honorer le temple du Śānti-pīṭha et la Lampe éternelle, et aussi un moment de paix et de prière qui nous porte tout au long de la journée. Ces moments ouverts à tous sont une occasion de se réunir pour partager et célébrer quelque chose de plus vaste.

Méditation des conjonctions :
sandhyā-upāsanā
Le soleil rythme les journées de l'āśram : aux trois moments principaux de sa course (le lever, le zénith et le coucher), une cloche est sonnée par sept fois. Chacun prend alors quelques minutes pour méditer et se relier à l'énergie de l'astre du jour.
Sandhyā est le mot sanskrit qui désigne ces moments, que nous appelons “conjonctions” en français. Upāsanā signifie “respect, dévotion” mais aussi “observation, pratique”.
En ce qui concerne la pratique de la conjonction le matin, elle doit commencer au moment où le ciel commence à rougeoyer à l’est et se terminer lorsque le soleil est complètement levé. Nous pouvons ainsi à la fois contempler intérieurement le soleil de l’âme et admirer le soleil levant de l’univers ; voyons alors notre univers intérieur tout comme notre vie extérieure devenir des manifestations de grâce et de splendeur. Le jour où le soleil physique n’est pas visible, nous pouvons le visualiser à l’intérieur de nous et recevoir son énergie.
Śrī Tathāta, L'appel du Dharma, 2e édition, Éditions Lumière du Dharma, 2013
Rituel au feu sacré : agnihotra
Juste après le lever du soleil, le feu est allumé pour le rituel de l'agnihotra, une pratique védique où le feu sacré reçoit des offrandes variées : des bâtonnets de bois, du ghī (beurre clarifié) et des herbes médicinales. Chaque geste du rituel est accompagné d'un mantra (formule sacrée en sanskrit).
La pratique quotidienne de l'agnihotra crée une atmosphère pure et protectrice pour l'āśram et toutes les personnes venant y séjourner.


Service au temple du Śānti-pīṭha
Le Śānti-pīṭha est honoré chaque jour, à la suite de l'agnihotra. Il est d'abord apprêté : le temple est ouvert, le Pīṭha (la pierre noire) est découvert, nettoyé et enfin décoré. Puis il est honoré par plusieurs hymnes védiques, le gāyatrī-mantra, une ārati (offrande de lumière représentée par la flamme du camphre) et un bhajan (chant dévotionnel).
Au coucher du soleil, le Pīṭha est à nouveau couvert et le temple clos pour la nuit.
Prière à la Mère Divine : arcanā
Chaque matin dans la maison de méditation, la Mère Divine est honorée par un arcanā (offrandes de fleurs et de riz) en récitant le Tantrokta Devī-sūkta, un ancien hymne à la gloire de la Déesse en tant que Durgā. Il s'achève par l'offrande à la divinité d'un plateau de fruits, qui sont ainsi bénis ; lors du déjeuner, ces fruits sont partagés entre tous et une partie revient à la Nature.
L'hymne récité appartient au Devī-māhātmya, poème épique narrant les faits de la Mère Divine, celle-ci délivre à plusieurs reprises les dieux de la persécution du mal. Enfin libérés, ils viennent auprès d'elle pour lui chanter leur gratitude, pour célébrer sa présence dans tous les aspects de la vie sur Terre et pour lui demander sa protection éternelle dans les moments sombres. Cet hymne est leurs paroles à la Déesse.

yā devī sarva-bhūteṣu śakti-rūpeṇa saṃsthitā |
namas tasyai namas tasyai namas tasyai namo namaḥ ǁ
Elle qui réside en chaque être sous forme de potentiel,
Nous La saluons, nous La saluons, nous La saluons encore et encore.
Extrait de la traduction du Tantrokta Devī-sūkta